Histoire
La commune de Villefranque, située au cœur du Labourd, recèle de nombreux atouts en ce qui concerne le patrimoine culturel, en particulier concernant la culture basque. Le village, tout en présentant de belles maisons labourdines à colombage, de prestigieuses maisons nobles, offre un petit patrimoine très riche, comme en témoigne, entre autres, la présence importante de stèles discoïdales.
Aux origines du nom
À l'époque féodale, la création d'une ville sur son domaine était le moyen, pour un seigneur, de générer une activité économique (commerce et artisanat) plus lucrative fiscalement que le travail de la terre. La plupart des villes ou villages de France portant des noms comme Villeneuve, Villenouvelle ou Neuville, datent de cette époque. Dans certains cas, les villes fondées proposaient des exonérations fiscales à ceux qui venaient s'y installer. L'activité économique générée rapportait des revenus indirects tout aussi lucratifs (voire plus) que les taxes. C'est l'origine des villes s'appelant Villefranche, VILLEFRANQUE ou Francheville (franc signifiant à l'époque libre, gratuit).
L'historique
Etymologie : Villefranque a pour nom basque Milafranga, qui en réalité vient du gascon « bièla franca » et signife « ville franche ». Son nom originel était St Martin de Bazter ou Basters (1200), ce qui signifie « écart » en basque. Par la suite, la ville fusionna temporairement avec St Pierre d’Irube ; la Commune fut alors rebaptisée Tricolore, lors de la Révolution. Un habitant de Villefranque se nomme un milafrangar.
La légende du pont de Proudines
Selon la légende, le 24 août 1343, le maire de Bayonne fit capturer (pendant les fêtes locales du village) et attacher cinq nobles labourdins aux piles du pont de Proudines (au bas du Château de Miotz), où la marée montante les noya. (légende reprise par Taine dans son "Voyage aux Pyrénées", et illustrée par Gustave Doré).
Extrait de l'histoire des villes de France pour Bayonne
Les querelles de Bayonne avec les Basques offrent un plus grand intérêt ; le drame s'y mêle, saisissant et terrible. Peuple indépendant et courageux, les Basques, comme nous l'avois déjà dit, n'avaient jamais reconnu Bayonne comme leur capitale, comme le centre autour duquel ils dussent venir grouper leurs sym patines et leurs intérêts. D'un autre côté, les Bayonnais avaient toujours considéré avec colère les tendances indépendantes de ces populations ; ils supportaient surtout impatiemment la franchise accordée depuis longtemps aux denrées et marchandises destinées à l'approvisionnement du Labourd.
Parmi les plus fougueux adversaires de cette franchise se distinguait le maire, Pès de Puyane, homme rude et belliqueux, qui s'était plusieurs fois distingué par ses hauts faits comme amiral de la flotte anglaise. Ses compatriotes l'idolâtraient, et les mêmes motifs l'avaient rendu odieux aux populations basques. A peine installé dans ses fonctions, il fit prononcer par les cent pairs l'abolition de la franchise des Basques et mit à exécution, sans délai, cette délibération audacieuse. Il envoya des gardes au pont de Proudines, situé sur la Nive, pour exiger des montagnards le prix du passage, s'appuyant sur les anciens titres de la ville qui portaient sa juridiction sur cette rivière jusqu'au terme de la plus haute marée. Les Basques indignés s'attroupèrent devant le pont, dont ils forcèrent le passage en assommant les gardes. Dans le Labourd plusieurs marchands bayonnais furent aussi pillés et massacrés par eux.
Cependant, malgré l'agitation générale des esprits, les Escualdunacs se rendirent en foule à la fête de Villefranque le jour de la Saint-Barthélemy, 23 août 1343. Dans la soirée, un billet anonyme avertit Pès de Puyane que les montagnards rassemblés à Villefranque méditaient un coup de main contre Bayonne. Brûlant du désir de venger ses concitoyens, tués au pont de Proudines et dans le Labourd, le fougueux Puyane part aussitôt pour Villefranque à la tête d'une troupe nombreuse de gens armés. Il profite de la nuit pour enfoncer les portes du château de Miots, où les principaux sont réunis. Il les tue tous, moins cinq gentilshommes qu'il emmène au pont de Proudines.
Là, pour vérifier à l'amiable, dit-il, si le flot de la marée monte aussi loin que le prétend la cité de Bayonne, il fait attacher ces malheureux aux piles du pont. La marée montait ; les cinq gentilshommes disparaissent peu à peu ensevelis sous le flot. A la nouvelle de ces barbares représailles, tout le pays Basque se soulève contre Bayonne. La guerre civile s'organise, se prolonge pendant plusieurs années, et ne se termine qu'en 1357 par un jugement définitif rendu à Bordeaux et provoqué par le prince de Galles. On annula tout ce qui s'était passé entre les deux parties, haines, injures et dommages. Les habitants du Labourd conservèrent la faculté de faire passer par la ville, sans acquitter les droits, les denrées destinées à leur usage; les Bayonnais furent condamnés à une forte amende.
La fontaine de Villefranque
Villefranque conserve le souvenir de sa fontaine miraculeuse où le Prince de Condé, souffrant de coliques néphrétiques, vint prendre un grand verre de cette « eau miraculeuse » sur les conseils du médecin Bayonnais Feuga. Quelques jours après, Condé rejeta deux pierres rouges de la grandeur d’un pignon d’Inde
. Fort de cette réussite, Feuga publia en 1654 un ouvrage consacré à l’usage des eaux minérales de la Fontaine de Villefranque
où il conseille, entre autres farces, de soigner la peste par un bouclier composé d’une infusion d’eau de Villefranque, de poudre à canon et de vin rouge.
Hélas cette fontaine est tombée dans l'oubli.
Villefranque : sauveté de l'évêque de Bayonne
En outre, Villefranque était, au XIe siècle, une sauveté (agglomération créée à l’initiative de l’Église et jouissant d’une garantie de non agression accordée par le seigneur local) de l’évêque de Bayonne, ce qui en fit une terre d’accueil et favorisa le développement de la population locale.
Patrie de Mgr Jean Saint- Pierre (1884-1951), un des plus grands écrivains basques, missionnaire, professeur de théologie, et évêque de Carthage, il se retira en 1937 à Villefranque. Son tombeau se trouve sous le porche d'entrée à l'église et porte ses armoiries.
Port fluvial
Il est important de noter, que Villefranque était un important port fluvial, de par la présence de la Nive. Les gabarres accostaient au Port de Villefranque, situé à hauteur de l’actuel Quartier Sainte Marie. Là, on vit se développer une importante activité artisanale, telle que l’exploitation de la pierre ou encore la fabrication de chaussures, autour du XXe siècle.
Guerres napoléoniennes
Au XIXe siècle, la commune fut le théâtre de nombreuses batailles : les batailles napoléoniennes de la Nivelle et Saint-Pierre-d'Irube qui opposèrent les troupes du général britannique Wellington à celles du Maréchal Soult. Ce dernier barrait la route aux britanniques à hauteur de Villefranque, afin de les empêcher de gagner la ville de Bayonne. Les troupes britanniques établirent un pont sur la Nive, passèrent sur l’autre rive, et débouchèrent sur une première victoire à Villefranque le 9 Décembre 1813, avant la victoire finale à St Pierre d’Irube ((la Bataille de Villefranque qui opposa le 09 décembre 1813 les divisions du Général Anglais HILL à celles du Général Français DROUET D'ERLON).
Archéologie
Site archéologique avec des traces retrouvées dans l'actuelle zone de Duboscoa (silex, pointes...)
Les anciennes salines
Le gisement salin du bassin aquitain est issu de dépôts marins âgés de plusieurs millions d’années. Les communes de Mouguerre, Briscous et d’Urcuit possèdent des gisements de saumure, une eau dix fois plus saturée en sel que l’eau de mer.
D’antan, les anciens devaient user de lourdes techniques afin d’extraire cette eau et, en la cuisant, d’en extraire et cristalliser le gros sel. Ce sel servait alors principalement à la conservation des aliments (poisson etc.) et à la salaison des jambons. Les gisements de ces communes ont depuis longtemps été utilisés à ces fins.Aujourd’hui, il reste quelques bâtiments qui témoignent encore de l’activité de ces salines. Elles finirent de fonctionner vers le début du XXe siècle. Dans les années 60, on pouvait encore voir une cheminée, aujourd’hui démolie.
Le sel était alors porté vers la Nive et placé sur des bateaux pour amener les chargements vers Bayonne. Un péage était installé sur la Nive.
Les anciennes carrières de pierre
Plusieurs carrières de pierre étaient exploitées sur la commune de Villefranque. La pierre exploitée était l’ophite. L’ophite est une sorte de porphyre (sorte de granit) ainsi nommé parce qu’il rappelle, par son fond vert tacheté de blanc, la peau bigarrée des serpents. Ces pierres étaient transportées par wagonnets jusque vers la Nive.
Aujourd’hui ces carrières, situées principalement dans le Quartier Bas, sont toutes désaffectées.
Du blason au logo
Blason
Parti au 1 d'or au lion tenant de sa dextre un dard péri en barre le tout de gueules et posé en pointe ; au 2 d'azur à une fleur de lys d'or posée aussi en pointe ; sur la partition un chêne arraché de sinople et une croix latine d'argent issante de l'arbre .
Ces armes apparaissent sur le mur de la mairie. Elles furent sculptées en 1956 lors du centenaire de la mairie, mais on n'en connaît ni l'historique, ni la symbolique. Dans les armes communales de Villefranque, avec les armes du Labourd, la présence d'une croix latine issante d'un chêne qui est une caractéristique d'armes ecclésiastiques, interpelle quelque peu.
Elles auraient pu être celles de Mgr. Saint Pierre, mais les armes du prélat, qui figurent sur le monument funéraire sont différentes. On en est réduit aux hypothèses ; s'agit-il d'un hommage public rendu à Mgr Saint Pierre lors des festivités du centenaire de la mairie en 1956 ? L'évêque était alors décédé depuis cinq ans.
Logo
En 2011, la mairie de Villefranque a décidé de changer son logo. Bien entendu, il ne s'agissait pas de changer le blason historique de notre village, mais de changer l'ancien logo municipal en noir et blanc qui avait fait son temps, et faisait pâle figure au milieu des logos des autres communes. Un concours officiel a donc été lancé. Un jury composé d'élus de la commission Communication s'est réuni, et c'est un particulier d'Anglet qui a remporté ce concours.
Voici une explication du logo par son auteur :
Les couleurs de ce logo se sont imposées naturellement, par rapport à Villefranque qui évoque un village typique et traditionnel du Pays Basque à forte identité (rouge et vert). La symbolique était de mettre en avant les éléments forts du village : le clocher, le vallonnement du site, la Nive et bien sûr le fronton qui sont apparus comme des évidences. Le choix d'une typographie "écrite" me permettait d'affirmer l'authenticité, la tradition et les belles valeurs rurales de Villefranque. La difficulté d'un logo de ville est de réaliser à la fois un visuel épuré et équilibré dans sa structure mais aussi de faire figurer les symboles forts du village de façon à ce que les habitants de Villefranque se retrouvent un peu à travers ce symbole.
Pour rappel, l'ancien logo utilisé jusqu'à ce jour dans les documents officiels :